| Posté le 22-11-2006 à 01:36:16
| Femmes et homos : des amitiés particulières Ils peuvent parler de l'autre en termes presque amoureux. Ils se comprennent à demi-mots, se disent tout. Une relation unique, en apparence parfaite, par-delà le désir. Vincent et moi sommes inséparables depuis le collège. Avec lui, je ne m'ennuie jamais. Il est toujours de bonne humeur, disponible, partant pour faire la fête. C'est un compagnon brillant, attentionné, prévenant, et tellement compréhensif que je peux lui parler de tout sans tabou. Jamais il ne m'a déçue. Bref, en un mot, c'est un rêve d'homme ! » De qui parle donc Agnès en ces termes dithyrambiques ? Du père de ses trois enfants ? Non, de son meilleur ami, qui est homosexuel. A l'instar de Julia Roberts dans « Le Mariage de mon meilleur ami » et de Fanny Ardant dans « Pédale douce », bien des femmes ont un Rupert Everett ou un Patrick Timsit dans leur vie. Pourquoi ces affinités électives ? Un des premiers points d'entente : les femmes et les homosexuels savent jouer ensemble avec les signes extérieurs de la féminité. « Quand je suis avec Paul, j'ai l'impression d'être une déesse. Avant, j'avais l'air godiche. Grâce à lui, j'ai trouvé mon style : bijoux, coiffure, maquillage, vêtements, il sait bien mieux que moi ce qui me va. » Ce n'est pas pour rien que la plupart des grands couturiers sont gays. Comme le souligne Serge Hefez, thérapeute de couple, « les gays vouent une adoration à la représentation mythique de la femme. Beaucoup de femmes s'identifient à cette image sublimée. Cette fascination pour un idéal féminin crée un point de rencontre et de complicité extrêmement important. » Julien, jeune photographe, a compris ce que la gent féminine recherche dans son amitié : « Je ne les désire pas, mais je sais parfaitement les mettre en valeur. Mon métier, c'est de les photographier, et je crois qu'elles aiment l'image que je leur renvoie. » La confusion des genres Les femmes, à l'inverse, peuvent laisser parler leur part de masculinité. Ainsi Sonia : « Petite, les filles me gonflaient, j'étais un garçon manqué. Et quand je suis avec mes copains homos, la plus “macho”, c'est moi ! On porte les mêmes jeans, les mêmes piercings, et on drague les mêmes mecs. » « Cette relation en miroir très fusionnelle engendre beaucoup de jalousie et de possessivité, explique Serge Hefez. Avoir besoin de l'autre pour exprimer une partie de soi, c'est avoir besoin de l'autre pour exister. » Marion en a fait la douloureuse expérience : « Lorsque j'étais célibataire, je me suis installée chez Alexis. Ça a été quatre ans de complicité, de rires et de fêtes… jusqu'au jour où j'ai rencontré Alain, mon futur mari. Alexis a pété les plombs. Il m'a même fait du chantage au suicide quand je suis partie. Aujourd'hui, il ne veut plus me voir, il ne me pardonne pas ma “trahison” ! » Homme cherche maman bis Cet état fusionnel n'est pas sans rappeler le lien maternel. Ainsi Franck, parlant de son amie Frédérique : « Fred sait m'écouter sans juger, et elle répond à mes SOS, même quand je lui téléphone à 4 heures du matin en plein désarroi. Sa maison, c'est mon refuge. Depuis que ma mère est morte, je lui téléphone tous les matins comme je le faisais avec maman ! » Si les femmes endossent facilement le rôle de mère bis, leurs copains sont également très maternants envers elles. En témoigne Béatrice : « Il y a deux ans, j'ai été hospitalisée pour une grave maladie. Jean a été aux petits soins avec moi. Il m'a accompagnée pour mes examens médicaux, il venait me voir à la clinique et, depuis, il prend assidûment de mes nouvelles. » Les femmes qui raffolent de la compagnie des gays affirment toutes partager la même sensibilité qu'eux. Mathilde, par exemple, se sent intellectuellement en phase avec Thibault : « C'est le seul homme avec qui je vais voir des ballets de danse contemporaine et des films d'auteur japonais ! Il aime Barthes, Claudel et Mallarmé. C'est un esthète. Rien à voir avec les hétéros machos avec qui on ne peut parler de rien. » Autre qualité reconnue aux gays : leur grand sens de l'écoute. Il est plus agréable de se confier à un homme qui connaît le fonctionnement masculin de l'intérieur et dont les conseils se révèlent judicieux. Comme le fait remarquer Bastien en souriant : « Souvent, je me dis que la vie est mal faite ! Vu le nombre de filles qui me choisissent comme confident, je sais exactement ce qu'elles attendent d'un homme. Si je voulais les conquérir, je ferais un malheur. » |
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